J'ai testé pour vous (et un peu pour moi...) les nouveaux parcours Sens'action
Les températures baissent petit à petit, le soleil est couché dès 17h, et les appareils à raclette ont pris le dessus sur les barbecues : winter is coming camarades !! La fin de l'année est proche, et voilà que je ne vous ai même pas encore partagé mes retours d'expériences estivales autour du géocaching (ouais c'est honteux). Promis, je vous sers ça avant 2025 (d'autant plus que cette promesse est liée à mes (géo)résolutions de l'année) et cela commence dès aujourd'hui avec une première moitié. J'espère même que cela va nous réchauffer puisque nous partons dans les Hautes-Alpes, version été, en direction des parcours Sens'action !
Le vieux Teuche commencerait-il à radoter ? C'est vrai que nous avons déjà causé de Sens'action, ce cousin éloigné du géocaching qui propose de superbes randonnées de montagne ponctuées de belles et grosses caches pour nous guider ... mais aussi pour nous instruire et nous divertir. Et bien figurez-vous qu'il y a du nouveau ! Au premier abord, on pourrait croire que non, puisque l'offre est toujours constituée de 4 parcours. Pourtant, il y a bel et bien eu un renouvellement étant donné que deux nouveaux parcours sont apparus (chouette !!) alors que deux autres semblent avoir disparu du catalogue (snif...).
Ce sont les deux p'tits nouveaux que nous allons évoquer aujourd'hui, deux randonnées que nous avons eu le plaisir de tester en famille en août dernier. Même si je ne résisterai pas longtemps à vous rappeler quelques points déjà abordés à travers mon premier article sur Sens'action, je vous y renvoie malgré tout pour avoir une présentation plus détaillée du principe, mais aussi pour (re)découvrir les trois parcours que nous avions arpentés durant l'été 2022.
Qu'en est-il du dernier cru Sens'action ? La codification du concept a-t-elle été respectée ? Les nouveaux parcours sont-ils d'aussi bonne qualité que leurs ainés ? Et surtout pourquoi certains parcours ont été retirés de la communication ? Bon, j'vous l'dis tout de suite : pour cette dernière question, je n'en sais absolument rien ! En revanche, pour les autres, je vais tâcher de développer à travers les trois chapitres habituels : "Les conditions du test" (pour présenter le "truc" et la façon dont je l'ai abordé), "Compte-rendu de l'expérience" (pour raconter mon vécu sur le "truc"), et enfin "Conclusions" (pour dresser mon bilan sur le "truc" et dégager les bons et mauvais points).
Les conditions du test
Comme en 2022, tout commence avec un passage par l’Office de Tourisme ! Enfin pas tout à fait… Pas encore… Avant ça, il a bien fallu que la mise en place de nouveaux parcours parvienne jusqu’à mes oreilles. Pas évident quand on sait qu’elles se situent à plus de 800 kilomètres de Serre-Ponçon, toujours est-il que l’info est bien arrivée jusqu’à moi. J’avoue ne plus trop me souvenir de quelle manière, mais le mérite revient très certainement aux réseaux sociaux (merci à vous, chers algorithmes intrusifs). Ce qui est encore plus étonnant selon moi, et je l’avais déjà souligné lors du premier test, c’est que la communication autour des parcours Sens’action est relativement timide. Personnellement, je suis loin d’avoir été envahi par les publications sur le sujet, alors que [SPOIL ALERT] le concept est extrêmement intéressant, aussi bien sur le papier que sur le terrain.
Revenons maintenant à l’Office de Tourisme… Le projet étant principalement porté par deux communautés de communes (celle de Serre-Ponçon d’un côté, celle du Guillestrois et du Queyras de l’autre), nous sommes dans un dispositif encadré par les forces publiques, et nous sommes donc en droit d’espérer un développement et un suivi sérieux, qualitatifs et durables. Et qui de mieux placé que les Offices de Tourisme pour transmettre les informations autour de ce jeu "officiel" autour du patrimoine alpin ? Par conséquent, je pousse la porte de celui de Savines-le-lac (une coutume annuelle) et pars en quête de la nouvelle documentation relative aux parcours Sens’action :
Le dépliant déplié (recto/verso)
Premier constat : il y a eu du ménage de fait. Pour le meilleur et pour le pire. Je suis à la fois heureux de retrouver deux parcours historiques ("Les géants de pierre" et "Les mille cascades"), très surpris de constater la disparition de deux autres parcours ("Les montagnes d’or vert" et "Le village disparu"), et ravi de découvrir deux nouveaux parcours ("La saga de l’herbe" et "Les oasis enchantées"). Au risque de me répéter, je ne reviendrai pas aujourd’hui sur les trois circuits déjà foulés par nos chaussures de rando (il y a déjà un article exceptionnel sur ce trio), encore moins sur "Les montagnes d’or vert" que je ne pourrai sans doute jamais visiter sous le prisme des parcours Sens’action. Cela nous laisse par conséquent les deux p’tits derniers … mais encore un peu de patience : il reste quelques infos à extraire de ce document.
Côté visuel, malgré le renouvellement de l’offre, on reste sur la même charte graphique que la première version, ce qui, personnellement, n’est pas pour me déplaire. La logique "un parcours = une couleur" est conservée, avec une palette de 4 couleurs réajustée. Ainsi, le orange et le vert foncé ont laissé place à un vert plus clair et à un turquoise, pour respectivement symboliser la verdure de "La saga de l’herbe" et l’eau du parcours "Les oasis enchantées". On retrouve également les mêmes composantes visuelles : les personnages/mascottes, la carte et son style, les pictogrammes, ou encore les caractéristiques du parcours (distance, dénivelé, durée, nombre de caches, matériel requis…). J’ouvre d’ailleurs une parenthèse sur l’une de ces données clés : le balisage. Je me trompe peut-être (ce serait bien la première fois...) mais j’ai l’impression que les communautés de communes et/ou offices de tourisme recyclent des randonnées déjà existantes, déjà balisées, pour y poser leurs caches. Je n’oserai pas accuser sans preuve : plusieurs années avant la sortie du parcours Sens’action "Le village disparu", les mêmes sentiers (et le géocaching) nous avaient fait traverser les mêmes tunnels. C’est une excellente idée ! Quand je parlais de recyclage, c’était dans le bon sens du terme. Mettre un coup de projecteur sur ces randonnées et sur leurs points d’intérêt en en faisant la promotion via un concept rafraichissant, ludique et familial, c’est vraiment une excellente idée. D'ailleurs, à l'inverse, nous avons découvert la randonnée "Les mille cascades" à travers son parcours Sens'action, et depuis, nous la refaisons pour le simple plaisir rafraichissant de la balade, et conseillons cette très agréable excursion familiale à nos proches.
Dernière section du flyer, et non des moindres, celle livrant les consignes de jeu. Contrairement au meilleur jeu de l’univers, pas de coordonnées GPS, pas de géolocalisation, pas d’application, mais bel et bien des caches à débusquer. Je vois les sueurs froides perler sur vos fronts. Comment trouver une boite cachée en pleine montagne sans PZ en ligne de mire ? Sans boussole pour vous orienter ? Sans l’indication d’une distance entre vous et la boite ??? SANS PHOTO SATELLITE ????? Allez, on respire par la bouche, lentement, et on retombe en enfance (ou au XXème siècle). Le tracé du parcours et ses différents pictogrammes sont dignes des plus belles cartes au trésor ! Sans grande précision, les caches y sont positionnées, et il faudra imaginer les trouver en fonction des éléments dessinés à proximité. Observez les virages alentours, regardez de quel côté d’une passerelle la cache se positionne, remarquez la présence d’une bâtisse non loin, etc. Nous ne sommes pas complétement laissés à l’abandon non plus, puisque non seulement je rappelle qu’un balisage de randonnée nous guide sur les bons chemins, et surtout la présence d’une cache nous est signalée par une jolie borne :
Hey ! Salut toi !
Lorsque vous croisez ce mystérieux personnage (que nous appellerons désormais Dimitri), STOOOOOOOOOOP !! Cela signifie qu’une boite se planque dans un rayon de 20 pas. Fastoche hein ? Et bien pas forcément figurez-vous ! Malgré la taille imposante des contenants (au moins du 3 sur l’échelle de Signal), il n’est pas toujours rapide ou évident de mettre la main sur la cache dissimulée dans une zone naturelle de plusieurs centaines de mètres carrés où les rochers, les cavités et les arbustes sont légion. La plupart du temps, cela se passe sans encombre, et on finit par accéder au contenu du contenant. A l’intérieur du tube, point de logbook ou de goodies à échanger, mais un imposant imprimé (d’excellente qualité) avec d’un côté de nombreuses informations sur l’histoire et le patrimoine des lieux, de l’autre des défis faisant appel à de l’observation, de la manipulation, ou encore à nos sens.
Un contenant et son contenu
Voilà la patte institutionnelle, pas désagréable du tout, qui vient légitimer le concept des parcours Sens’action en mettant en lumière les richesses de son territoire. Les familles s’instruisent en s’amusant, randonnent en cherchant, visitent la région en souriant. Mais justement, que découvrent-elles en sillonnant les deux nouveaux parcours ?
Compte-rendu de l'expérience
J’ai volontairement mis de côté une dernière partie de la communication imprimée : les descriptifs des parcours. Ils sont de véritables invitations au voyage, à l’aventure, ou comme je l’avais écrit dans l’article précédent, semblables à des scénarios de films ou des missions d’Escape Games. Ils font partie du premier contact avec le parcours, et de leur lecture peut dépendre notre envie (ou non) de partir en quête des caches correspondantes. Je vous laisse juges :
La saga de l'herbe
« Dans les prés de fauche de Villargaudin émerge de terre une bête mystérieuse, gardienne du souvenir de l’invention du fromage. Immerge-toi dans le cycle saisonnier d’un brin d’herbe et alimente la toison de cette étrange apparition. »
Je ne sais pas pour vous, mais moi je me sens directement plongé dans la peau d’un chevalier à qui l’on vient de présenter sa quête. Le nom de « Villargaudin » résonne comme celui d’un hameau des plus grandes légendes Heroic Fantasy, et il va nous falloir faire face à une « bête mystérieuse », une « étrange apparition ».
Sur le terrain, les débuts sont nettement moins prometteurs... Sans doute étions-nous rouillés, deux ans après nos dernières excursions Sens’action, mais nous avons eu beaucoup de mal à lancer correctement cette rando. La voiture difficilement stationnée en raison du modeste parking, déjà envahi par plusieurs bus scolaires, nous nous sommes mis à la recherche du totem ci-dessus, symbole du point de départ. Alors qu’il est situé un peu en retrait par rapport à la route, nous ne l’avons pas aperçu immédiatement et nous sommes engagés sur un sentier balisé, non loin du parking. Après plusieurs dizaines de mètres, une ascension entamée, et quelques plaintes de mes accompagnatrices, force est de constater que nous ne sommes pas partis comme il se doit. Demi-tour, descente par le même chemin, plaintes de plus en plus fortes de mes accompagnatrices, et après un repérage en éclaireur de ma part (loin des plaintes), la ligne de départ, la bonne, est finalement aperçue.
Oui bah moi aussi je le vois le panneau MAINTENANT !
Une fois ce couac oublié (et les plaintes disparues), l'aventure peut commencer. Nous voilà partis pour une heure et demie de balade dans les vertes montagnes du Queyras ..... mais il ne nous a fallu que quelques minutes pour nous retrouver nez-à-nez avec la « bête mystérieuse ».
Le monstre, assoiffé de sang
Ce très très très sympathique camarade à quatre pattes (que nous appellerons désormais Dimitri ... ah non, déjà pris ... alors ce sera Jean-Julien) nous a rejoints peu de temps après le départ et nous a accompagnés durant toute la montée, pour le plus grand plaisir de mes filles. Jean-Julien est parvenu à leur faire avaler les kilomètres et le dénivelé sans qu'elles s'en aperçoivent, trop occupées qu'elles étaient à le regarder gambader à droite à gauche. Pas vraiment fin limier le Jean-Julien, car il n'a réussi à trouver aucune des caches du parcours, mais il a eu l'immense mérite de faire randonner deux ados avec le sourire. Enfin, ça, c'était jusqu'à ce que Jean-Julien le traitre nous plante froidement un couteau dans nos p'tits cœurs, en nous abandonnant lâchement pour un groupe d'enfants... Toujours est-il que cette anecdote contribue à l'excellent souvenir que j'ai de ce parcours ! J'ai beau me creuser les méninges, j'ai du mal à trouver des défauts à "La saga de l’herbe", étant donné que beaucoup de cases sont cochées, y compris les plus hasardeuses comme la météo, resplendissante, ou les rencontres avec de nombreux animaux : Jean-Julien, vaches, ânes, chèvres, groupes d'enfants, ...
Reste à juger ce parcours sur trois critères moins aléatoires : la randonnée, la découverte du patrimoine local, et enfin la valeur ajoutée de Sens'action. Commençons par ce dernier... De manière générale sur l'ensemble de ses parcours, Sens'action permet de faire quelques haltes bienvenues à la recherche de ses caches. De quoi motiver les plus jeunes lorsqu'on n'a pas de Jean-Julien sous la main ! Les pas s'enchainent plus facilement avec des objectifs abordables dans le viseur, et l'aventure (autrement dit la randonnée de montagne avec ses kilomètres et son dénivelé) est nettement plus digeste une fois découpée en sous-quêtes (autrement dit des tronçons de randonnée reliés par des caches). Plus particulièrement sur "La saga de l’herbe", j'ai apprécié que ce cher Dimitri soit parfois présenté sur un "autre type de support", ou encore que certaines caches soient installées dans des endroits pittoresques.
On a "enchainé" les caches loooooooool
Quant aux activités proposées sur les parchemins à l'intérieur de ces gros tubes, plusieurs d'entre elles parviennent également à faire preuve d'originalité, par rapport aux habituels défis Sens'action. Par exemple, ci-dessous, c'était à ma connaissance la première cache qui renfermait, en plus du rouleau de papier, du matériel à utiliser pour valider une mission. Et en binôme qui plus est ! A ma gauche, le pailleur constitue des fagots de paille. A ma droite, le ficeleur vient lier les brins. Ensemble, le travail d'équipe permet d'aboutir à une jolie guirlande ^^
Bonjour à tous, et bienvenue dans ce nouveau tuto (abonne toi !!)
Les activités vont même encore plus loin avec l'installation de dispositifs plus imposants, spécialement mis en place pour les joueurs de la communauté Sens'action. C'était déjà le cas sur le parcours "Les mille cascades" où deux troncs d'arbre sculptés venaient simuler la circulation de l'eau à travers des barrages conçus par l'Homme. Sous la forme d'une expérience, nous pouvions remplir des seaux à l'aide du cours d'eau voisin, verser le liquide sur les pentes différentes des deux structures, et conclure sur l'intérêt de ces barrages non naturels. Sur ce parcours de "La saga de l’herbe", la manipulation scientifique est cette fois dédiée à la faune puisqu'il s'agira de ..... traire une vache. La mauvaise nouvelle, c'est que vous ne repartirez pas avec un bidon de lait gratuit sous le bras. La bonne nouvelle, c'est que vous n'aurez pas réellement à taquiner les pis d'une laitière. Ici, la bête à cornes est faite de paille et de caoutchouc, et même s'il s'agit de recueillir de l'eau, la sensation de la traite est bien entre nos mains (c'est du moins ce que j'imagine compte tenu de mon expertise en la matière).
Parlons maintenant du patrimoine local. En effectuant quelques recherches sur Internet pour préparer cet article (si ça c'est pas du journalisme d'investigation ... prends garde à toi Elise Lucet !!), je suis tombé sur un bulletin municipal décrivant le projet et la volonté de partager le patrimoine local. En voici un extrait :
« Afin d'évoquer l'histoire du Queyras à travers le temps jusqu'à nos jours, un itinéraire en boucle a été identifié entre LES MOULINS et VILLARGAUDIN.
L'histoire de la production de fromages, des cultures fourragères et céréalières locales, de la quête perpétuelle d'une bonne herbe et les contraintes de sa conservation... Autant de sujets déjà matérialisés par des éléments existants : la cabane du câble à lait, le musée du PNRQ aux Moulins, la Fruitière et les fustes de VILLARGAUDIN.
Dans le cadre de ce projet, il est prévu de faire reconstruire un panier à lait identique à celui utilisé afin de le disposer dans la cabane. Il est également prévu de moderniser l'affichage de l'exposition présente dans l'écho musée de la cabane du câble à lait. Différents artistes ont déjà été sollicités afin de proposer d'agrémenter le parcours d'œuvres en lien avec la quête de l'herbe et du foin.
Entre ces points de repères, il est envisagé de disposer le long du chemin d'anciens engins agricoles de différentes périodes et de différents usages : de l'araire au tracteur en passant par les différentes faucheuses, botteleuses, tombereau, luges, motofaucheuse... »
Ce document confirme l'envie de mettre en avant les richesses historiques et culturelles de la région. De plus, on peut également constater que la venue de Sens'action dans ce secteur contribue à moderniser et raviver ce qui était déjà mis en place. Les structures existantes sont réutilisées, parfois remises au goût du jour, ou même complétées par des nouveautés. C'est également l'occasion de repenser la randonnée, et des nouvelles idées émergent afin d'agrémenter les bordures des sentiers. A travers tout ce processus, j'ai particulièrement apprécié l'atelier de traite de vache (évoqué un peu plus haut), le fait d'avoir complété et rafraichi les écomusées à l'aide de fiches Sens'action, sans oublier un énorme coup de cœur pour la cabane du câble à lait et son panier de livraison :
Le colissimo du Queyras
Troisième et dernier critère à aborder : la randonnée. En ce qui concerne le balisage, il n'y a absolument rien à redire. Si le point de départ avait été trouvé avec pas mal de difficulté (pffff... touristes !), les 5 kilomètres suivants, eux, se sont déroulés sans encombre (NB : le dépliant indiquait 3,5 km / ma montre a affiché 5km à l'arrivée ... certes avec un bon cafouillage au départ). Quant au tracé et à l'environnement de la balade, là non plus, il n'y a pas grand chose à dire. Mais attention, ce n'est très certainement pas faute de qualités et de compliments à faire ! Non, c'est juste que les mots seront bien en-dessous des images, et qu'il est préférable de vous laisser contempler les paysages dans lesquels nous avons eu la chance de marcher, plutôt que de vous les décrire. Je conclurai donc cette première partie en vous laissant quelques photos, et vous vous apercevrez aisément que le vert parcours de "La saga de l’herbe" porte bien son nom et fièrement ses couleurs :
Les oasis enchantées
« Entre les falaises de Catinat et le défilé des gorges du Guil, un mystérieux chapelet d'oasis recèle bien des histoires. Au fil de l'eau, au fil des mots, capte la poésie de ces précieux bassins d'eau fraîche et enregistre le chant des naïs. »
Pour ce nouveau chapitre, ce sont les pages d'un conte de fées que nous allons tourner. Ici règnent la douceur et la quiétude, comme le suggèrent les termes « enchantées », « mystérieux » et « poésie ». Jouant le rôle de guide, l'eau, omniprésente dans le synopsis, semble aussi être la gardienne de cette tranquillité mystique. La thématique est clairement identifiée, l'eau se retrouvant aux quatre coins de la présentation du parcours : dans le texte, dans le titre, dans la couleur, dans les pictogrammes...
Sur le terrain, l'eau est également présente partout ... et en particulier dans nos oreilles. C'est tout du moins le cas dans la première moitié de ce parcours Sens'action (mais nous y reviendrons un peu plus tard). Dès le départ, alors que nous ne voyons que de la végétation autour de nous, le bruit apaisant de l'eau qui coule, court, ruisselle et danse tout autour de nous se fait entendre. Cette douce mélodie nous accompagnera d'ailleurs tout le long de la première partie. Après quelques pas, nous faisons la rencontre de curieuses créatures :
Remake du projet Blair Witch
Est-ce que ce sont ces habitants des bois qui chantent sur notre passage ? Très honnêtement, j'espère que non. Je suis quasi persuadé que le responsable reste l'élément central de cette rando : l'eau. Nous en avons la confirmation quelques mètres plus loin en apercevant le coupable sous différentes formes. Par moments, l'eau cherche son chemin au sol, parmi les herbes, le long du sentier. A d'autres instants, elle vient dévaler un muret et se fracasser parmi les pierres sous la forme d'une gracieuse cascade. Ces différentes formes, ces différents mouvements, ces différents sons, inspirent différentes façons de les photographier. Tantôt vient l'envie d'enregistrer la chorégraphie de l'eau, tantôt est préférée la volonté de figer cette danse et de capter un mouvement par l'intermédiaire d'un cliché.
Dans tous les cas, l'eau nous émerveille et nous rafraichit. C'est bien là l'atout principal de ce parcours : la randonnée ombragée et constamment bordée d'eau est un régal au cours des vacances d'été, voire un allié non négligeable durant la canicule ! Mais l'eau n'a pas fini de nous surprendre. Un peu plus loin, un peu plus haut, elle prend une pause, et nous invite à en faire autant. L'eau est désormais plus calme, sereine, immobile. Elle s'étend et se détend dans un bassin, une mare ou peut-être une cuvette... Nommez cela comme vous le voulez, ici ça s'appelle un naïs et cela servait à rouir le chanvre. Pardon ? Vous dites ? Ca veut dire quoi "rouir" ? Mais enfin ! Bon... Même si la signification de ce verbe (du deuxième groupe, puisque c'est en rouissant que l'on devient rouisseur) me parait ultra évidente, je rappelle que rouir, c'est isoler les fibres textiles (ici du chanvre) par macération. On ne vous a rien appris à l'école ???
Ma fille en train de conjuguer le verbe rouir au plus-que-parfait du subjonctif
La balade se poursuit et nous arrivons ensuite à l'entracte. Non, ce n'est pas le p'tit resto du coin, mais le nom que j'ai donné au hameau de La Font d'Eygliers. En effet, ce lieu vient couper le parcours en deux, d'une part en étant au carrefour des chemins que nous empruntons, et d'autre part parce que les caractéristiques de la rando parcourue jusque là sont à l'opposé de ce que nous vivrons ensuite. La Font d'Eygliers vient donc couper l'excursion en deux parties, mais fait également office de halte au charme fou. Nous faisons escale quelques minutes afin de profiter des plaisirs de ce hameau. L'eau, encore et toujours, y est présente pour nous apporter sa fraicheur et marquer l'étape avant la seconde partie de notre voyage. Même la transformation de cet endroit par l'homme est en adéquation avec son environnement. Pour preuve, nous peinons presque à distinguer les habitations qui se dissimulent derrière le lierre et les ombres des arbres. On pourrait se croire dans la Comté de Tolkien...
Je n'ose pas imaginer les tarifs de livraison Uber Eats...
En route pour la seconde partie de ce parcours Sens'action, et autant vous le dire tout de suite, ce n'est pas vraiment celle que nous avons préférée. Une fois le hameau de La Font d'Eygliers franchi, l'eau s'évapore, et les chemins ombragés bordés d'arbres laissent la place aux sentiers de montagne en plein cagnard. Attention, randonner en montagne n'est pas non plus une torture ! Jamais je ne pourrai me lasser des paysages et des points de vue que les Alpes nous offrent ! C'est juste que nous étions habitués au luxe de la clim naturelle, et que le retour à la classe éco pique un peu, voilà tout...
Deux salles, deux ambiances
Plus d'eau, plus d'ombre, plus de fraicheur, et même plus de caches ! Ou presque... Alors que les boites Sens'action s'enchainaient avec fluidité dans la première partie, elles nous semblent à présent très espacées. L'entre-deux-caches nous parait relativement long, et nous avons l'impression de devoir marcher des kilomètres avant d'arriver sur une zone de recherche. Je ne sais pas si c'est à mettre sur le compte du changement d'ambiance, ou si les distances d'une borne à une autre ont véritablement été allongées, mais je sais que ce sentiment a été malheureusement renforcé par un DNF. Je dirais même LE DNF !! En temps normal, c'est déjà ultra rageant de passer des dizaines de minutes sur un spot, de ne rien trouver après avoir dépoussiéré le moindre centimètre carré, et de devoir renoncer en déclarant un honteux DNF. Mais alors quand on ne parvient pas à débusquer une boite comme celle-ci :
Drame dans les Hautes-Alpes : un géocacheur ne parvient pas à trouver une cache de taille regular
Heureusement pour le moral des troupes et pour la conclusion de cet article, ce parcours Sens'action partage une caractéristique commune avec ses trois autres camarades : le point d'arrivée est le même que celui de départ. Parfois les tracés prennent la forme d'un aller-retour, parfois celle d'une boucle : le parcours "Les oasis enchantées" mêle les deux ! Une "ligne droite" est tirée entre le point de départ et La Font d'Eygliers, puis une boucle offre la seconde partie en tournant dans la montagne, et finalement le retour vers le stationnement depuis La Font d'Eygliers emprunte le même chemin. Pourquoi je vous raconte tout ça, avec autant de maladresse et d'imprécision ? En ce qui concerne la fin de ma question, je n'y suis pour rien et suis malheureusement pour vous au summum de mon art. Pour le reste, j'en reviens à ce que j'écrivais plus haut : la (légère) déception liée à la deuxième partie est vite effacée par les retrouvailles avec les qualités de la première. Nous retrouvons le charmant hameau de La Font d'Eygliers, et avec lui le souvenir de l'omniprésence de l'eau ...
... cette eau qui nous raccompagnera jusqu'à notre voiture, serpentant parmi la végétation, toujours à nos côtés, en nous chuchotant ses adieux avec tant de délicatesse.
Conclusions
Que serait un article test du p'tit Teuche sans ses légendaires points positifs et négatifs ? Etant donné qu'il s'agit d'un complément à la publication "J'ai testé pour vous (et un peu pour moi...) les parcours Sens'action", je reprendrai les mêmes points de conclusion (en gras) et les compléterai par ce qui m'a marqué via les deux nouveaux parcours. Voilà ce que ça donne :
+ le choix des circuits et leur diversité
+ des parcours aux identités fortes et marquées
+ des caches !
+ les nombreuses activités
+ l'aspect mission / chasse au trésor
+ familial (pour petits ET grands)
+ 2 nouveaux parcours parfaitement thématisés
+ la découverte de nouvelles randonnées
- parfois trop de textes
- balisage peu clair par moments
- communication toujours timide
- pourquoi avoir supprimé 2 (bons) parcours ?
Sens'action persiste et signe ! Le concept parvient à se renouveler en proposant deux nouveaux parcours (nouvelles randonnées ET nouvelles thématiques) tout en conservant ses marqueurs, de la charte graphique aux types de boites cachées, en passant par le partage de l'histoire locale et l'aspect ludique des activités proposées. Communautés de Communes et Offices de Tourisme remplissent parfaitement leur mission puisque leur idée des parcours Sens'action permet de mettre en lumière le patrimoine de cette si belle région, en parvenant à s'adresser à tous les publics. Pour ma part, et malgré de nombreuses années de vacances estivales du côté de Serre Ponçon, Sens'action m'a même fait découvrir de nouvelles randonnées, d'intérêt et de beauté indéniables. Sur le fond comme sur la forme, c'est un travail de haut niveau, avec une mention spéciale pour le respect d'une thématique par parcours, aussi bien dans la narration de cache en cache, que dans la mise en place de défis, parfois très originaux. Je ne peux reprocher qu'une seule chose aux parcours Sens'action, c'est qu'il n'y en a pas assez : pas assez de communication à mon sens, et il me faudrait toujours plus de parcours ..... mais sans en retirer s'il vous plait. Y aura-t-il un troisième article consacré aux parcours Sens'action ?
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