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J'ai testé pour vous (et un peu pour moi...) la littérature pour géocacheurs - Chapitre 5


C'est l'été camarades ! Vous sentez ces odeurs de barbecue, de crème solaire, de mojito et de transpiration ? Pour moi, l'été est également synonyme de (géo)lecture au soleil ! Le mois d'août est mon moment privilégié pour poser mes athlétiques fesses sur une serviette, déployer mes doigts de pied en éventail, et plonger dans un bouquin en lien avec le géocaching.


2024 ne dérogera pas à la règle : un "certain ouvrage" est déjà glissé dans la valise, prêt à être dévoré en compagnie d'une gaufre chocolat/chantilly. Mais avant cela, retour en 2023 avec ma lecture estivale de l'an dernier pour laquelle je ne vous avais pas encore fait de compte-rendu. Oui, c'est vrai, j'ai beaucoup de retard dans l'écriture de cette publication de test... Mais rappelez-vous que je vous avais tout de même gratifiés d'un sympatoche article sur un second livre lu l'année passée ! Bande d'ingrats... Tiens d'ailleurs, pour vous punir, vous allez me réciter 17 fois le traditionnel "disclaimer" qui vient désormais introduire chacune de mes expériences littéraires :

« Avant d'entrer dans le vif du sujet, je tiens à ce que les motivations et la construction de ce modeste article soient claires : il ne s'agit en aucun cas d'une critique littéraire ! Je n'en ai absolument pas l'envie, encore moins la légitimité, et je n'aurai jamais le talent nécessaire pour réaliser la prouesse que réalisent les écrivains (il suffit de parcourir quelques lignes sur ce blog pour s'en convaincre). Comme pour les autres articles de cette série, mon but ici est de partager avec vous une expérience que j'ai vécue, en vous décrivant la façon dont je l'ai menée et ressentie, tout en dégageant les points positifs ET négatifs de ce test, selon MON point de vue. Il s'agit donc d'une opinion bien évidemment emplie de subjectivité, de bienveillance aussi, et nullement je l'espère de condescendance car, encore une fois, je suis bien incapable d'en faire autant. »



Nous voici au cinquième article de ce blog consacré à la littérature pour géocacheurs, et parmi les ouvrages abordés, un nom revient régulièrement : celui de Michel Aguilar. Pour mon plus grand plaisir, cet auteur français s'est spécialisé dans le "géothriller", mêlant dans ses récits aventures et géoaventures, associant enquête, action, suspense ... et géocaching. Après "Géocaching sanglant" et "Caches mortelles", son roman "La dernière cache" vient conclure le cycle consacré à Bastien le sommelier.


La trilogie de l'été



Cette trilogie présente bien des points en commun, comme l'avaient déjà révélé les deux premiers opus : les personnages principaux sont les mêmes, l'intrigue suit une certaine continuité, le récit est toujours très rythmé, plusieurs modes de lecture sont proposés, de nombreux QR codes immergent davantage le lecteur, de véritables géocaches font le lien entre la fiction et la réalité, ... Les nombreuses qualités constatées dans "Géocaching sanglant" avaient même été poussées plus loin dans "Caches mortelles", rendant ce deuxième acte encore plus abouti que le premier. A l'époque de mon compte-rendu, je m'étais même posé la question de savoir si le troisième volet arriverait à faire encore mieux. L'heure est venue d'y répondre !


Ce dernier épisode bénéficie-t-il des mêmes atouts que les deux précédents ? Si oui, Michel Aguilar est-il parvenu à se surpasser encore une fois, et ainsi proposer à ses lecteurs une conclusion de sa trilogie en apothéose ?

Les conditions du test

De la similarité, vous allez également en retrouver tout au long de la construction de cet article, à commencer par les conditions du test. Pour ceux qui suivent, j'écrivais il y a quelques instants que je profite de mes vacances d'été pour déguster mon (géo)bouquin annuel (je précise que ma faible mémoire de vieil homme m'a poussé à relire ce roman pour les besoins de cette publication). Mais ceux qui me suivent avec assiduité (et avec une mémoire meilleure que la mienne) savent désormais que ces séances de lecture ont lieu dans le même environnement, presque traditionnel. J'en suis même arrivé à m'amuser de ce pèlerinage littéraire, en réalisant chaque année un shooting photo où le décor et l'angle de prise de vue sont repris, mais où le modèle est à chaque fois remplacé.


Ma salle de lecture, de 2020 à 2023



Inlassablement, le lac de Serre Ponçon nous accueille d'année en année, offrant des conditions vraiment pas dégueulasses pour feuilleter un bon roman : l'éclairage est excellent (un peu chaud, mais très lumineux), le silence est respecté par les montagnes environnantes, et je me charge personnellement d'apporter 2 ou 3 touches de confort supplémentaires pour mon installation. Voilà, je suis prêt ! Il n'y a plus qu'à ouvrir "La dernière cache" ... je parle bien évidemment du livre ... pas de ma retraite en tant que géocacheur... Et là encore, on retrouve une sorte de fil rouge à travers l'ensemble de la trilogie, puisque Michel Aguilar introduit ce troisième opus comme les deux précédents, en proposant différents modes de lecture :


« CLASSIQUE : vous lisez les chapitres les uns après les autres en vivant les rebondissements de l'intrigue et les découvertes des énigmes au même rythme que les personnages. Pourquoi ne pas essayer de les résoudre et reprendre la lecture pour savoir si vous avez vu juste.

SUR LE TERRAIN : si vous avez la chance de rejoindre un des sites de géolocalisation, vous pourrez accéder à la boite à énigme et au logbook (à la feuille de marque). Vous êtes au cœur de l'action du roman avec les mêmes difficultés physiques que les héros de l'histoire. Il n'est pas exclu que vous rencontriez des personnages secondaires du livre...

LES QR CODES : grâce à une application gratuite sur votre smartphone, vous accédez à des lieux ou des indications importantes au fur et à mesure de l'histoire (ce n'est toutefois par une obligation). Vous pouvez, à certains moments, vous poser la question de visiter un lieu anodin. Il faut savoir que la plupart des liens sont raccordés à Google Maps et vous avez la possibilité de consulter une carte satellite pour naviguer sur l'ensemble de la zone.

A LA RECHERCHE DE L'OMBRE : l'auteur a créé un personnage mystérieux qui apparait de loin en loin. Est-ce un homme ou une femme ? Essayez de mémoriser les indices tout au long de la lecture afin de savoir qui est l'Ombre : certains détails physiques, une attitude commune avec un des personnages, les gens qu'il connait ou pas, les lieux qu'il a fréquentés... bref tout ce qui vous permettra de le démasquer. »


Le changement, c'est maintenant ! Si on fait le parallèle avec les deux premiers romans, la liste des modes de lecture est à la fois reconduite, remaniée et renouvelée. Le mode "CLASSIQUE" fusionne désormais les anciennes versions "CLASSIQUE" et "VIRTUELLE", en mêlant lecture et résolution des énigmes. Le style "SUR LE TERRAIN" ne bouge pas : en ce qui me concerne, c'est en même temps le plus attrayant et le seul irréalisable. "LES QR CODES" représentent l'une des principales caractéristiques des livres de Michel Aguilar, mais ils figurent maintenant à part entière dans ce catalogue des modes de lecture. Enfin, une énième idée de l'auteur vient renforcer encore plus l'immersion de ses lecteurs déjà bien gâtés, en les invitant à partir "A LA RECHERCHE DE L'OMBRE". J'ai choisi de cocher également cette nouvelle case, et ainsi de mener l'enquête en prenant quelques notes au fil de ma lecture. Des notes qui s'ajoutent à celles écrites par l'impitoyable testeur que je suis...


Rien que dans cette préparation, on peut ressentir aussi bien la conservation de certains marqueurs, qu'une volonté d'innovation et d'amélioration de la part du romancier. C'était déjà le cas avec "Caches mortelles", le deuxième tome de la trilogie, pour lequel j'avais conclu ma modeste analyse en affirmant que cette suite à "Geocaching sanglant" avait repris les codes et les qualités de son prédécesseur, tout en les améliorant et en amenant même de très chouettes nouveautés. Qu'en sera-t-il du volume 3 ? Le fait de devoir comparer apparait pour moi comme une évidence, et pour cela, je reprendrai bien entendu exactement les mêmes critères d'évaluation : l'histoire/l'écriture ; le géocaching ; l'interactivité.

Compte-rendu de l'expérience

L'HISTOIRE / L'ECRITURE


Voilà bien un axe d'étude essentiel lorsque l'on parle de lecture, et même un axe double : d'une part l'intrigue elle-même, et d'autre part la manière avec laquelle elle nous est racontée. Comme d'habitude, pour ne gâcher ni le suspense lié aux rebondissements de l'aventure, ni le mystère autour de notre enquête, je m'interdirai de trop en révéler au cours de cet article. Qui de mieux placé que l'auteur lui-même pour déterminer ce qu'il est judicieux de dévoiler ou non ? Alors laissez-moi vous partager le texte de la quatrième de couverture :


« Jusqu'où seriez-vous capable d'aller pour sauver vos enfants ?

Avoir sous le nez la promesse d'une belle aventure est un challenge impossible à refuser. C'est d'autant plus vrai que l'on a été bercés pendant toute son enfance par les exploits extraordinaires vécus par ses parents dix-huit ans auparavant. Quand une mystérieuse énigme est tombée entre les mains de la jeune génération, ils n'ont pu résister et se sont lancés bille en tête vers les ennuis.

Bastien, Léna, Adrien et Sandra n'ont eu d'autre choix que de partir sur leurs traces. »


Après avoir fait endurer mille et une péripéties à Bastien le sommelier et ses amis, durant plus de 900 pages, Michel Aguilar s'attaque désormais à la génération suivante en torturant la progéniture des personnages historiques (quel sadique...). Cette nouvelle tournure vient balayer un acharnement plus ou moins illogique contre le héros habituel (à l'image d'une série où toutes les catastrophes du monde sont centralisées au sein d'un même quartier) et apporte une certaine fraicheur. Les nouveaux personnages sont les bienvenus, et il est en même temps très agréable de retrouver les anciens. Cette mixité est une très bonne idée que l'on retrouve également au niveau des antagonistes : à certaines mauvaises connaissances du passé s'ajoutent de nouveaux visages menaçants. Cela fait beaucoup de monde, et si cela peut paraitre confus, c'est parce que c'est moi qui écris ici ! La plume de Michel Aguilar est nettement plus habile, et l'écrivain va jusqu'à prendre la peine de dépeindre les personnages avant le chapitre 1. Ce prologue permet à la fois de nous rappeler qui sont Bastien et sa bande, de faire le point sur les événements passés, et d'avoir un tableau répertoriant les personnages (anciens et nouveaux ; "gentils" et "méchants") et leurs caractéristiques principales. C'est un index très pratique, en particulier en début de lecture lorsque les noms ne nous sont pas encore familiers (prends-en d'la graine Game of Thrones !!).


En ce qui concerne l'intrigue, l'auteur reste très évasif ..... et je ne sais donc pas jusqu'où je peux avancer ! Bon... Vous vous doutez bien que ça va causer un peu de géocaching... L'ammobox estampillée géocaching recouvrant la moitié de la couverture du livre, et le fait que j'en parle ici, sont tout de même deux bons gros indices... Le géocaching est donc au centre de l'action, puisqu'il va servir une nouvelle fois de levier pour attirer des joueurs dans de dangereuses mésaventures. Il est ici question de vengeance : une connaissance du passé ressurgit pour prendre sa revanche sur Bastien et sa bande (le vilain !!), mais cette fois en appâtant leurs enfants au moyen d'une promesse d'aventures ... et de pognon aussi. Ce qui pourrait sembler comme une redite au premier abord n'en est finalement pas une. Certes, Michel Aguilar reprend le même concept que ses deux romans précédents, mais ce n'est qu'une intrigue parmi tant d'autres ! J'avais souligné et vanté le rythme et la vivacité dans mes deux premiers articles : c'est d'autant plus vrai dans ce troisième. Pas une seconde de répit pour le lecteur qui assiste à plusieurs histoires dans l'histoire. De chapitre en chapitre, on passe d'un récit à un autre, du déroulé d'une scène au point de vue d'un autre personnage. Aux géoaventures des jeunes succède la course poursuite de leurs parents, entrecoupés par l'élaboration des plans de l'antagoniste, les manigances de dangereux ennemis qui cherchent à le doubler, ou encore le suivi de l'Ombre qui souhaite tirer son épingle du jeu. Tout cela s'enchaine avec rapidité mais aussi avec fluidité. On ne s'ennuie jamais, sans pour autant se perdre dans les nombreuses intrigues. Ces dernières trouvent d'ailleurs toutes une conclusion, que ce soit au cours des derniers chapitres, dantesques, ou à travers les lignes de l'épilogue.


Alors finalement, pour ce premier critère d'évaluation, "La dernière cache" fait-il mieux que "Caches mortelles" ? C'est un avis personnel, mais je trouve que l'histoire est à la hauteur : elle tient la route, contient de nombreux rebondissements, nous tient en haleine, et même si le principal antagoniste n'a pas autant de charisme que le précédent, la multiplicité des "méchants" parvient à compenser. C'est donc plus ou moins une égalité ... à moins que l'écriture fasse pencher la balance ? Côté positif, comme je l'écrivais juste au-dessus, on retrouve un style d'écriture très agréable à lire, où la fluidité, l'enchainement d'actions, les descriptions parfaitement dosées, les connaissances de l'auteur et son humour rendent la lecture facile, passionnante et plaisante. Malheureusement, côté négatif, on retrouve comme dans les précédents épisodes pas mal de fautes et de coquilles (désolé de le souligner Michel !). Ce serait donc un match nul ? Et bien non messieurs dames ! Pour cette première manche, la victoire revient à ..... "Caches mortelles", qui avait su sortir un atout de taille, pour qui y prêtait attention : l'anadiplose ! Je vous renvoie à ma précédente analyse pour plus de détails mais, en résumé, il s'agit d'une figure de style qui consiste à reprendre les derniers mots d'une proposition pour débuter la suivante. Michel Aguilar avait réussi l'exploit remarquable de l'appliquer tout au long de son précédent ouvrage, en commençant chaque chapitre par les mots qui avaient conclu le chapitre d'avant (vous ne comprenez rien ? vous voulez des exemples ? allez donc lire ma précédente analyse j'vous dis !!). Dans "La dernière cache", l'anadiplose a disparu, et n'a laissé place à aucune autre figure de style ... à ma connaissance. Peut-être suis-je passé à côté de quelque chose ? Ce dernier livre de la trilogie contient-il un secret dans son écriture ? Un indice Michel ?



LE GEOCACHING


Si nous parlons (enfin surtout moi) de ce livre ici, c'est évidemment parce qu'il est question de géocaching quelque part (bientôt un article hors série sur ma passion pour la raclette). C'est même un fil rouge dans la trilogie, étant donné que Michel Aguilar l'utilise comme ingrédient principal dans sa recette : dans chacun des trois romans, les méchants vilains pas beaux passent par le géocaching pour appâter, guider et piéger les héros. L'auteur, lui, profite des diverses facettes de notre loisir pour nourrir son récit et proposer aux lecteurs de formidables péripéties. Cela commence d'ailleurs rien qu'avec les trois titres, qui sont des références directes, puis cela se poursuit à l'intérieur du livre avec de nombreux clins d'œil. Pour autant, "Géocaching sanglant", malgré son nom évocateur, s'était montré relativement timide en ne citant le géocaching qu'à demi-mots. Les termes officiels étaient notamment remplacés par des synonymes. Ce défaut avait été corrigé dans la suite, "Caches mortelles", où le doute n'était plus permis pour deux raisons : 1, on retrouvait à travers le texte le vocabulaire officiel du géocaching, 2, de véritables géocaches faisaient le lien sur le terrain de jeu. Qu'en est-il dans "La dernière cache" ?


Dès la présentation des nouveaux personnages (chapitre 2), le géocaching (le vrai) fait son apparition. On y rencontre Kevin et Carla, respectivement les enfants de Léna et Bastien d'un côté, Sandra et Adrien de l'autre. Et devinez quoi : ce sont des géocacheurs (et par conséquent des gens bien) ! Nous les trouvons en pleine exploration d'une cache « T5 » appelée "45 mètres de rouille" (tout un programme). D'ores-et-déjà, les deux cases sont cochées : vocabulaire officiel, c'est fait (Michel Aguilar prend même le soin d'expliquer aux lecteurs moldus ce qu'est une T5 ... et les dangers que cela représente), véritable géocache, c'est fait aussi (en voici la preuve).


La première géocache de ce roman IRL (je me suis évanoui sept fois en regardant cette vidéo)



Reprenons plus en détails ces deux aspects... La question ne se pose plus, nous sommes définitivement et indiscutablement dans l'univers du géocaching. La société « Groundspeak » est clairement citée dans le livre, et très rapidement, on découvre que « la messagerie du site officiel du géocaching » sera un moyen de communication essentiel à l'intrigue. Tout au long de l'aventure, le jargon du géocacheur est disséminé ... de manière ludique pour les joueurs qui ne pourront s'empêcher de les relever ... de façon pédagogique pour les novices car chaque terme est habilement expliqué par l'auteur. Chacun pourra alors s'amuser à lister les caractéristiques d'une géocache (« taille », « difficulté terrain », « indice », « besoin d'un outil », « photo spoiler », « GC code » ...), certains types de caches (« mystery », « multi », « cache à visiter de nuit » ...), ou encore les boites et leurs contenus (« amo-box », « micro », « nano », « logbook »« message traditionnel expliquant la présence de cet objet dans la nature » ...). Michel Aguilar parvient même à ajouter une dose d'humour avec des dédicaces qui se moquent des deux camps ! D'un côté, un personnage peine à comprendre l'intérêt du géocaching et ne compte pas « faire mumuse à chercher des boites à la con ! ». De l'autre, un géocacheur ne peut s'empêcher de soupirer lorsqu'il entend un moldu dire « Oui, moi je connais ! Avec le téléphone on attrape des Pokémons ! » ^^


Les joueurs sont également au cœur du livre ! Je ne parle pas des protagonistes, dont le pseudo reste fictif (oui oui, le psychopathe que je suis a vérifié...), mais bel et bien de véritables camarades. Plusieurs poseurs de caches sont cités, et certains jouent même parfois un rôle important dans l'histoire. Sans trop en dire, citons par exemple le vil Pepe29 qui, avec sa « cache la plus à l'ouest de la France métropolitaine » (ça me rappelle un autre bouquin tiens...) n'hésite pas à se salir les mains pour quelques billets. Fiction ou réalité ? Autre personnage étonnant : Michel Aguilar ! L'écrivain réalise un caméo très original en apparaissant lui-même dans son livre ..... ou presque. Les thrillers "Géocaching sanglant" et "Caches mortelles" sont mentionnés à plusieurs moments de l'histoire, tout comme leur auteur. Son nom, un certain Michel Aguilar, serait en fait un pseudo emprunté par Georges, l'inspecteur d'Interpol ayant mené l'enquête autour de Bastien dans l'épisode précédent. Je n'y comprends plus rien... Tout cela est-il réellement arrivé ? Michel Aguilar est-il un agent d'Interpol sous couverture ? Le géocaching serait-il un acteur du trafic de drogue international ? L'application de Groundspeak contrôle-t-elle les foules ???


Je préfère ne pas trop cogiter et revenir sur la version Bisounours... Le second vecteur, à savoir le pont entre les géocaches découvertes par les personnages et celles existant vraiment sur notre terrain de jeu, est lui aussi bien présent. Certes, on n'en distingue "que" deux types d'un point de vue purement géocaching (tradi et multi), mais on peut aussi les distinguer sur un autre genre : certaines sont des caches qui existaient déjà et qui ont inspiré Michel Aguilar ; d'autres au contraire sont nées à partir de l'intrigue du roman, de manière officielle ou officieuse. J'ai choisi de ne pas lister précisément les géocaches dont il est question, car j'estime que plusieurs noms peuvent révéler des événements de l'aventure, et qu'il serait dommage de vous gâcher le suspense (que voulez-vous, je suis un ange...). En cherchant un peu sur Internet, notamment sur le site de l'auteur, ou mieux, en lisant le livre, vous pourrez en dénombrer une douzaine environ :


Toujours pas de caches dans mon quartier...



Comme le montre la merveilleuse carte ci-dessus, nos héros vont voir du pays ! Non seulement les géocaches existantes sont plus nombreuses par rapport à l'opus précédent, mais elles sont géographiquement moins centralisées, et mieux réparties dans des régions plus variées (avec tout de même un penchant pour le sud-est méditerranéen, préféré au Nord-Pas-de-Calais, pour des raisons inconnues...). Si je devais chipoter, j'avouerai que l'exotisme des pays étrangers (aux dernières nouvelles, la Corse est toujours une région française), comme ceux traversés durant les deux premières aventures, me manque un peu. Mais ce serait vraiment pinailler, car Michel Aguilar sait mettre en valeur notre territoire, en choisissant des lieux d'intérêt, et en les décrivant superbement. Par ailleurs, d'un point de vue purement logistique, il est nettement plus compliqué de maintenir des caches et/ou de rassembler des contacts sur place pour des poses à l'international, plutôt que sur notre territoire suffisamment dense. J'ai déjà bien du mal à faire la maintenance des boites à deux rues de chez moi... Au final, c'est donc un grand oui pour l'utilisation du géocaching dans ce troisième acte !



L'INTERACTIVITE


On termine l'analyse sous un dernier angle : celui de l'interactivité. Au risque de me répéter (pour la troisième fois), ce terme n'est pas le plus adéquat. Michel Aguilar lui-même refuse d'employer ce terme, en affirmant dans son introduction, sur la quatrième de couverture, ou même en interview, que « ce roman n'est pas interactif ». J'veux bien Michel, je suis même complétement d'accord, mais l'inculte quasi analphabète que je suis n'a pas trouvé meilleur mot pour désigner les différentes passerelles réalisées entre le récit et notre monde réel. De bien des manières, l'écrivain nous fait sortir du livre afin de mieux nous y replonger, voire de prolonger l'expérience. Nous venons d'évoquer les géocaches romancées copiées dans la "vraie vie" (ou inversement), mais dans le domaine de l'interactivité (toujours pas trouvé mieux durant les dernières 12 secondes), ce qui saute aux yeux de prime abord, ce sont les traditionnels et nombreux QR codes. 43 pour être exact ! C'est 30% de moins par rapport à "Caches mortelles" (BOUUUUUUUUH !!!) mais pour 37% de pages en moins (HAAAAAAAAA...). Ces calculs étant aussi ennuyants qu'inutiles, disons simplement que l'utilisation des QR codes par Michel Aguilar est de plus en plus fréquente au fil de ses livres. Du coup cela me laisse le luxe de vous en offrir ! Tenez, prenez celui-là :


Un parking en bord de mer ? Chouette...



Les liens renvoyés par le smartphone sont relativement variés. Il s'agira par exemple d'une vue aérienne sur une scène, d'un complément d'information sur une page du site de l'auteur, ou encore d'une vidéo d'illustration sur un réseau social. Mais très majoritairement, le scan des QR codes nous plongera directement dans les décors des aventures de Bastien, Léna, Adrien, Sandra et leurs enfants. Sans en abuser, Michel Aguilar reprend son idée géniale des vues à 360° dans Google Street View. On parcourt des yeux, dans tous les sens, dans toutes les directions, le paysage dans lequel il ne manque que les personnages. On s'imagine observant la scène, vivre les péripéties des héros à leurs côtés, et même par moments, on pense soupçonner les endroits où se cachent les boites qu'ils recherchent. C'est extrêmement immersif ! D'ailleurs, pour aller plus loin, petite suggestion à l'intention des ingénieurs chez Google : pensez à récupérer les odeurs et les bruits des lieux que vous cartographiez ! Faut tout vous dire, un p'tit effort quoi...


Un parking en bord de mer ? Chouette !!



Dernière carte abattue par Michel Aguilar : le mode de lecture "A LA RECHERCHE DE L'OMBRE". L'Ombre est un personnage menaçant dont l'identité est masquée jusqu'à la fin du récit. Pour percer le secret, le romancier sème des indices à travers des chapitres qui sont exclusivement consacrés à l'Ombre. Les actions y sont décrites sous son propre point de vue, et il est possible pour les lecteurs attentifs de relever quelques informations le concernant. Pour ma part, je me suis pris au jeu en me mettant dans la peau de Julie Lescaut ... non disons plutôt Sherlock Holmes ... et en notant tout ce qui me permettrait d'identifier cet autre antagoniste. Descriptions physiques, traits de caractère, informations liées à son métier : les indices éparpillés ici et là par l'auteur ont été soigneusement répertoriés par le lieutenant Teuche afin de dresser un portrait de l'Ombre ... et de le/la coincer avant de refermer le livre ! Honnêtement, ce n'était pas l'énigme la plus compliquée à résoudre, mais au cas où la solution ne vous apparaitrait pas clairement, Michel Aguilar révèle l'identité de l'Ombre au moment de l'épilogue. Cette investigation est un ajout très sympathique, qui apporte un nouvel axe de lecture pour ceux, et seulement ceux, qui le souhaitent au même titre que les QR codes et les véritables géocaches placées sur le terrain qui restent facultatifs. Ce roman, à l'instar des deux précédents, peut être lu de manière classique, tout comme on peut choisir de profiter d'un ou de plusieurs des bonus offerts par Michel Aguilar. De quoi satisfaire tout le monde. Et ce n'est pas un mince exploit...

Conclusions

Concluons ensemble la trilogie de Michel Aguilar consacrée à Bastien le sommelier slash géocacheur (la nostalgie me gagne déjà...). Et on ne va pas changer les bonnes vieilles habitudes ! Comme pour chaque article de retour d'expérience "J'ai testé pour vous (et un peu pour moi...)", je lance les hostilités avec les bons points que j'ai dégagés de cette lecture ... et les moins bons points aussi :

+   le style Michel Aguilar, sur le fond comme sur la forme

+ un changement de génération rafraichissant

+ les nombreuses intrigues en parallèle

+ encore un nouveau mode de lecture

+   toujours plus de géocaching, en particulier sur le terrain

- les énigmes du jeu moins présentes, moins abouties et moins jouables

- certains des gros atouts du second livre abandonnés (anadiplose)

- toujours pas mal de fautes et de coquilles (désolé Michel)

Le premier roman, "Géocaching sanglant", avait défini le style Aguilar : de l'aventure parfaitement rythmée, sur fond de géocaching, et avec la brillante idée des QR codes pour illustrer le récit et immerger le lecteur. Le deuxième roman, "Caches mortelles", avait repris les atouts de son prédécesseur, mais en les poussant plus loin : encore plus d'efforts d'écriture, encore plus de géocaching, encore plus d'interactivité ! Et le troisième roman ? Il est temps de lever le voile sur le classement final : pour ma part, "La dernière cache" vient se placer en deuxième position, juste juste juste juste derrière l'indétrônable "Caches mortelles". Attention, cela ne s'est vraiment pas joué à grand chose ! Ce dernier opus demeure selon moi un excellent bouquin, avec les mêmes nombreuses qualités que les deux précédents, mais aussi avec un vent de fraicheur narratif. Il remporte même l'un des trois rounds de mon analyse : celui du géocaching, avec une plongée encore plus profonde dans notre loisir, aussi bien dans les pages que dans le monde réel. Néanmoins, il se place un tout p'tit chouïa en-deçà du niveau du vainqueur qui avait fait mieux dans les deux autres catégories. "Caches mortelles" reste le meilleur de la trilogie dans les domaines de l'écriture et de l'interactivité, d'une part avec ses impressionnantes anadiploses, d'autre part avec l'enquête hors du livre qui va plus loin que celle de "La dernière cache", grâce à des énigmes supplémentaires à résoudre et une réponse finale à aller chercher sur le terrain. Sur l'ensemble, Michel Aguilar nous a fait cadeau d'une extraordinaire trilogie d'aventure, où le géocaching n'est pas qu'un simple effet d'annonce ou un outil commercial, mais où il joue bel et bien un rôle à part entière.



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