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J'ai testé pour vous (et un peu pour moi...) la littérature pour géocacheurs - Chapitre 3


Si vous avez parcouru sur ce blog incroyable plusieurs des articles rédigés avec davantage d'amour que de talent, non seulement vous êtes une personne de goût, mais vous avez aussi sans doute relevé une thématisation de la plupart de ces publications, répertoriées dans différentes catégories. Parmi ces rendez-vous récurrents, on retrouve bien évidemment les Top 5 de mes découvertes retraçant mes géoaventures les plus chouettes, la série d'interviews "Les 10 caches de..." où d'autres que moi viennent partager leurs coups de cœur, ou encore la rubrique "J'ai testé pour vous (et un peu pour moi...)" dans laquelle j'expérimente autour du géocaching.


Dans cette dernière, la classification est même poussée à son paroxysme avec une catégorie dans la catégorie (truc de dingue), un sous-genre de test consacré aux romans pour géocacheurs. Aujourd'hui s'ouvre le troisième chapitre de cette chronique littéraire, et comme pour les deux précédents, je lancerai cette publication avec le même texte introductif et en citant quelqu'un que je pense très bien connaitre : moi.

« Avant d'entrer dans le vif du sujet, je tiens à ce que les motivations et la construction de ce modeste article soient claires : il ne s'agit en aucun cas d'une critique littéraire ! Je n'en ai absolument pas l'envie, encore moins la légitimité, et je n'aurai jamais le talent nécessaire pour réaliser la prouesse que réalisent les écrivains (il suffit de parcourir quelques lignes sur ce blog pour s'en convaincre). Comme pour les autres articles de cette série, mon but ici est de partager avec vous une expérience que j'ai vécue, en vous décrivant la façon dont je l'ai menée et ressentie, tout en dégageant les points positifs ET négatifs de ce test, selon MON point de vue. Il s'agit donc d'une opinion bien évidemment emplie de subjectivité, de bienveillance aussi, et nullement je l'espère de condescendance car, encore une fois, je suis bien incapable d'en faire autant. »


Chapitre 1 : Géocaching sanglant, par Michel Aguilar. Chapitre 2 : Cinq, par Ursula Poznanski. Chapitre 3 : Caches mortelles, par Michel Aguilar.

En dehors du géocaching, les trois premiers ouvrages abordés partagent également le même genre littéraire. Force est de constater que les géocacheurs (écrivains ou lecteurs) ont une préférence pour le polar, le suspense et l'aventure. A quand une pièce de théâtre relatant une histoire d'amour entre Signal et un reviewer ? A quand un essai politique du type "Powertrail : quand l'industrie pharmaceutique s'implante sur le bord des routes de campagne" ?


Je suis quasiment sûr que nous avons affaire à un serial lecteur...



Autre point commun, c'est la seconde fois que je retrouve l'auteur Michel Aguilar, et d'ailleurs, l'ouvrage que j'aborderai dans ce troisième chapitre est le second volet d'une trilogie initiée avec le livre évoqué dans le premier chapitre. Comment ça vous ne comprenez rien ? Je reformule : "Caches mortelles" est la suite de "Géocaching sanglant", et sera poursuivi avec un troisième roman "La dernière cache" dont j'espère vous parler un jour ici. Mais restons concentrés sur "Caches mortelles"... Cette suite se montre-t-elle à la hauteur de son prédécesseur, parvient-elle à le surpasser, ou est-elle au contraire moins bonne ? En d'autres termes, avons-nous droit à un "Retour vers le futur 2", à un "Gremlins 2", ou à un "Jurassic Park 2" ?

Les conditions du test

S'il y a quelque chose qui n'a pratiquement pas changé entre les deux lectures, ce sont bien les conditions du test ! Certes, j'ai cessé de jouer les parasites en mettant la main au porte-monnaie pour me procurer moi-même une édition de "Caches mortelles", ce qui m'a d'ailleurs valu une sympathique dédicace de Michel Aguilar que je remercie. Mais pour le reste, on est sur du copier/coller ! Telles les (géo)résolutuons prises en chaque début d'année, il est désormais pour moi une tradition de bouquiner à l'occasion de nos vacances estivales dans les Hautes-Alpes. Ainsi, pour la troisième année consécutive, c'est allongé sur ma natte de plage en rabane, entre le lac de Serre-Ponçon et ses montagnes voisines, que je profite de conditions idylliques pour plonger alternativement dans le lac et dans un roman. Un pèlerinage, un rituel, et même un jeu : celui d'illustrer l'article avec une photo prise sous le même angle, le même cadrage et le même décor de rêve. Seul le sujet change.


Août 2020 ...


... Août 2021 ...


... et Août 2022 ^^



Les similitudes ne s'arrêtent pas là, puisque les conditions du test vont une nouvelle fois être influencées par le choix d'un mode de lecture parmi ceux suggérés par l'auteur. On retrouve ainsi les trois mêmes méthodes, ce qui en fait désormais la "Aguilar Touch" (un style également défini par la présence des QR codes dont nous reparlerons plus bas), même si leurs descriptifs ont été nuancés et adaptés en fonction de l'intrigue et des nouveautés apportées par l'écrivain :


« CLASSIQUE : vous lisez les chapitres les uns après les autres en vivant les rebondissements de l'intrigue et les découvertes des énigmes au même rythme que les personnages.

VIRTUELLE : vous arrêtez de lire lorsque les personnages découvrent une énigme et vous essayez de la résoudre avec les mêmes informations que les protagonistes du roman. En reprenant la lecture, vous verrez si vous êtes dans les traces du héros de cette histoire ou si vous êtes tombé dans le piège tendu par le machiavélique Christopher.

SUR LE TERRAIN : si vous avez la chance de pouvoir rejoindre un des sites de géolocalisation, vous pourrez accéder à la boite à énigme et à la feuille de marque. Vous êtes au cœur de l'action du roman avec les mêmes difficultés physiques que les héros de l'histoire. Il n'est pas exclu que vous rencontriez des personnages du livre... »


Pour ma part, j'avoue avoir quelque peu allégé mon implication par rapport au livre précédent, en optant cette fois pour la manière classico-virtuelle. Autrement dit, je ne dis jamais non à une bonne énigme (ni à une crème brulée d'ailleurs), mais pour éviter de casser le rythme, je n'ai pas insisté au-delà de quelques minutes ..... bon ..... ok ..... quelques secondes. Franchement, pour cette fois, je n'avais pas envie de trop me sortir de l'histoire en me mettant à griffonner sur une feuille à côté (déjà bien remplie par mes notes relatives à la lecture), et surtout en passant beaucoup de temps sur Internet avec des recherches bien souvent inévitables pour la résolution. Le concept proposé par Michel Aguilar est pourtant intéressant de manière générale, même fort tentant pour l'amateur de mysteries que je suis, mais ce n'était tout simplement pas l'humeur du moment.


Un exemple d'énigme et un clin d'œil aux camarades provençaux



Les bases étant posées, il est temps désormais d'enfiler les lunettes de soleil et de caler la serviette sous la nuque pour lancer le test (mon dieu si je pouvais être payé à faire ça...). Et avant même de tourner les premières pages de "Caches mortelles", je sais déjà que mon analyse va être plus ou moins liée à celle que j'avais faite pour "Géocaching sanglant". Même auteur, même genre littéraire, même thématique, comment pourrait-il en être autrement ? L'analogie est d'autant plus inévitable qu'il s'agit de la suite, avec des personnages communs et une intrigue inachevée. Comme je l'écrivais plus haut, je vais donc donner mon opinion sur "Caches mortelles" en le comparant avec "Géocaching sanglant", déjà très bon de mon point de vue, mais néanmoins perfectible. Et pour cela, je vais me baser sur les trois principales caractéristiques du précédent opus : l'histoire/l'écriture (parce qu'on est quand même là pour parler littérature), le géocaching (parce qu'on est quand même là pour parler géocaching) et l'interactivité (parce que c'était le gros atout du livre et ce qui le rendait si singulier).

Compte-rendu de l'expérience

L'HISTOIRE / L'ECRITURE


Commençons par évoquer l'évidence lorsque l'on parle d'un livre, commençons par l'histoire et l'écriture, le fond et la forme. Commençons plus précisément par l'histoire, et commençons d'ailleurs comme nous avons l'habitude de commencer quand nous discutons thriller ici : en glissant une copie de la quatrième de couverture. De la paresse ? Sans doute un peu, me connaissant... Mais c'est avant tout pour vous donner une idée de l'intrigue, en ne partageant que ce que l'auteur a jugé convenable de dévoiler.


« Pour découvrir qui était sa mère biologique, Bastien, sommelier de formation, a dû lever le voile sur le lourd secret de famille des Dubreuil.

Sans la moindre preuve, Christopher, le majordome de cette riche famille bourguignonne, prétend être son père. Mais Bastien refuse l'idée d'être le fils de cet être machiavélique recherché pour plusieurs meurtres.

Obsédé par cette supposée paternité, Christopher trouve le moyen d'obliger le sommelier à chercher des caches dissimulées en France et de par le monde.

Pris dans une infernale course contre la montre, Bastien va devoir résoudre des énigmes de géocaching, sinon la vie des gens qu'il aime sera menacée. »

Bastien amateur de vin et de jeux de piste à échelle planétaire (le garçon a des hobbies plutôt sympas), héros du roman précédent, fait son come back, tout comme son antagoniste Christopher qui s'est découvert une véritable passion pour le géocaching version psychopathe (souhaitons-lui la bienvenue dans la communauté camarades). Autre personnage à signer son retour : Léna. Elle est désormais [SPOIL du livre n°1] la compagne de Bastien et [SPOIL du livre n°2] se fait kidnapper par Christopher et ses sbires. Même si la "révélation" est déjà faite au quatrième des 117 chapitres du roman, j'en écris probablement déjà trop, mais au moins vous comprenez désormais que Christopher dispose d'un levier pour agir sur Bastien. Par la même occasion, Michel Aguilar trouve de quoi poser ses pions pour nous lancer dans une seconde aventure reprenant les codes de la première, à savoir un gigantesque jeu de piste tournant autour du géocaching, un jeu dangereux orchestré par l'ancien majordome pour tester une deuxième fois son supposé fils.


Le scénario vous semble trop voisin du précédent ? Pas du tout ! Je me suis sans doute mal exprimé... Ce serait comme revenir à dire que l'histoire d'un roman policier ressemble trop à celle d'un autre parce qu'elle débute elle aussi par un meurtre ! Certes, il est une nouvelle fois question de géocaching, de voyage, de défis, d'énigmes à résoudre et de pinard (les métaphores œnologiques sur les situations vécues par Bastien constituent un fil rouge amusant), mais il n'y a ni redite, ni manque d'originalité, ni baisse de rythme en comparaison de la première aventure. Au passage, le fait d'avoir lu ou non le volet précédent n'a que peu d'importance, d'une part parce que cet épisode se vit à part entière et se suffit à lui-même, et d'autre part parce que l'auteur a malgré tout intelligemment fait la transition entre les deux récits grâce à un tableau présentant les personnages (anciens et nouveaux) mais aussi à travers un chapitre d'introduction résumant habilement l'intrigue de "Géocaching sanglant".


De nombreux liens persistent entre les deux ouvrages, toujours sur le fond ET sur la forme. Michel Aguilar parvient à insuffler autant d'énergie et d'intensité dans cette suite où la tension ne retombe pas et où on ne s'ennuie jamais, alternant d'un chapitre à l'autre entre (au moins) deux intrigues se déroulant en parallèle, comme dans le livre précédent. En effet, aux séances géocaching de Bastien se succèdent les récits de détention de Léna, et inversement. Tandis que l'une cherche un moyen de fuir, l'autre tente de la sauver à tout prix. Bien souvent, quand le calme s'installe dans l'une des deux situations, une étincelle vient mettre le feu aux poudres chez l'autre, ne laissant que peu de répit au lecteur, entre les forces de l'ordre qui courent après Bastien, Bastien qui court après Léna, et Léna qui court après la liberté. L'auteur a finalement repris les mêmes ingrédients, mais il les a réarrangés pour en faire une autre recette, différente, mais toute aussi savoureuse que la première. Néanmoins, tant que nous parlons écriture, il est à noter une pincée supplémentaire, un assaisonnement très discret mais ô combien appréciable une fois qu'on l'a décelé...


Connaissez-vous l'anadiplose ? Non ? Sérieux ? Bah en fait moi non plus... En tout cas jusqu'à hier. J'ai cherché à mettre une étiquette sur la figure de style que Michel Aguilar s'est efforcé à appliquer tout au long de ce roman. L'anadiplose, d'après un mélange de sources trouvées ici et là (et un peu là-bas aussi), est une figure de style qui consiste à reprendre le(s) dernier(s) mot(s) d'une proposition pour débuter la suivante. Par exemple, en poésie ou en chanson, si un mot termine un vers et que ce même mot entame le vers suivant, alors anadiplose il y a. Dans le cas de "Caches mortelles", je ne sais pas si on peut parler précisément d'anadiplose ou d'un dérivé (avis aux spécialistes !), mais Michel Aguilar a réussi la prouesse de conclure chaque chapitre par un mot ou une suite de mots (jusque là, c'est pas ouf) et de le(s) réutiliser pour démarrer le chapitre suivant. En voici deux exemplaires extraits du livre :


Fin du chapitre 8

« [...] Mes yeux, embués et déjà agressés par le sel, se détournent de cette plage si prometteuse pour se tourner vers le large barré d'un gros nuage noir. »

Début du chapitre 9

« Un gros nuage noir sort du pot d'échappement du van qui démarre juste devant les escaliers qui mènent aux portes de l'institut. [...] »


Fin du chapitre 43

« [...] Et bien : j'ai du pain sur la planche ! »

Début du chapitre 44

« Sur la planche située au-dessus de l'entrée, il y a un panneau indiquant "chasse maritime". [...] »



Je trouve cela subtil, brillant, remarquable ! Il serait dommage de minimiser la performance, qui pourrait paraitre anodine, voire même inaperçue. Pourtant, c'est bien là un très très joli exploit littéraire, et ce défi, cette contrainte que Michel Aguilar s'est lui-même fixée est d'autant plus admirable que, comme je l'écrivais plus haut, les intrigues s'entremêlent de manière générale, mais surtout alternent l'une après l'autre de chapitre en chapitre. Je me suis ainsi laissé prendre au jeu et trouvais cela amusant d'imaginer comment l'auteur allait pouvoir recycler les derniers mots d'un chapitre pour le suivant, dans une situation différente, dans un tout autre décor, et avec des personnages qui ne sont pas les mêmes. Un sympathique bonus que j'ai particulièrement apprécié, et qui apporte une plus-value au style d'écriture de Michel Aguilar, déjà très plaisant lors de la première lecture.



LE GEOCACHING


Les jambes de Michel Aguilar (qui, en tant qu'homme de lettres avisé, ne manquera certainement pas de se délecter de cet article, prochainement en lice pour le Pulitzer) commencent à trembler : j'aborde maintenant ce qu'était ma principale critique concernant "Géocaching sanglant". Alors qu'il constituait la moitié du titre, le géocaching en tant que tel n'était pas assez présent dans le texte selon moi. Certes, Bastien résolvait des énigmes, récupérait des coordonnées et recherchait des boites, mais la liaison avec notre passion était timide, jusqu'à taire le vocabulaire officiel (pour des raisons de droit ?). Mes remarques ont été entendues et prises en compte (ça vaaaa, je sais bien que non, mais laissez-moi croire le temps d'un instant que je suis quelqu'un d'influent) puisque l'auteur ne cache plus sa liaison avec le géocaching, et cela à plusieurs niveaux.


Cela passe tout d'abord à travers l'histoire et l'écriture (encore elles), avec notamment les fameux récipients que Bastien doit retrouver. On ne peut s'empêcher de sourire lorsque sont évoqués des contenants de type « boite pellicule », « tupperware » ou « boitier aimanté derrière un panneau », voire des systèmes plus élaborés comme une « cache électronique » ou « un petit container au fond du tuyau et la seule façon de s'en saisir est de le faire remonter en remplissant ce tube avec de l'eau ». Bien d'autres aspects de notre chasse au trésor sont à relever tout au long de l'aventure. Citons en vrac les termes « logbook », « travel bug », « waypoints », « cache mystère », « cache bonus », « poseur », « spots », « membre premium », etc. etc. Tout le lexique y passe (avec à chaque fois des explications qui permettent de ne pas perdre les non initiés en route), jusqu'à faire allusion à certaines pratiques (« Il est d'usage dans l'univers du géocaching de déposer de petites figurines destinées à être échangées »), aux règles de jeu officielles (« pas moins de cent soixante et un mètres entre deux caches ») et même directement au saint patron Groundspeak, son application, son site Internet et son logo en forme de « G barré d'une croix ». Il n'y a plus d'ambiguïté possible, Bastien et nous jouons bien au même jeu ..... enfin pas encore tout à fait. S'il ne fait plus aucun doute que Bastien appartient à notre confrérie, la barrière entre lecteur et personnage subsiste, et j'ai personnellement du mal à me dire que je pourrais signer un co-FTF avec Bastien ou trinquer avec lui à l'occasion d'un event. Bon, je l'écris avec beaucoup de maladresse, mais ce que j'essaie d'exprimer, c'est qu'une immersion plus poussée est imaginable, réalisable même, par exemple en reproduisant sur le terrain des caches romancées, ou à l'inverse dans le roman en faisant référence à des caches existant réellement. Devinez quoi : les deux souhaits ont été exaucés.


GC8A85J, GC7BBEF, GC7ZBWX et les autres caches françaises du roman



Contrairement à son prédécesseur "Géocaching sanglant", une passerelle est dressée dans "Caches mortelles" entre l'univers fictif de Michel Aguilar et notre véritable terrain de jeu, grâce au géocaching lui-même. Si l'envie vous prend de vivre un pèlerinage en suivant les traces (GPS loooooooool) de Bastien, c'est tout à fait possible, du moins en partie, grâce à plusieurs géocaches disséminées sur le territoire. Certaines ont été posées en étant influencées par l'histoire du roman, d'autres à l'inverse ont servi d'inspiration à l'auteur, d'autres encore ont été créées par Michel Aguilar lui-même pour les besoins de son livre. La plupart des GC codes (un autre terme cité au fil les pages, et également expliqué pour les besoins de l'enquête et la compréhension des lecteurs moldus) sont identifiés à travers les chapitres et/ou listés sur le site de l'écrivain. Par ailleurs, ce ne sont pas les seuls clins d'œil faisant le pont entre les deux mondes, et on peut ainsi retrouver des références au groupe Café Géocaching, des pseudos de réels géocacheurs (en particulier FrekiGeri qui intervient en tant que personnage aux côtés de Bastien ..... les noms de Brad Pitt, Tom Hanks et Kad Merad se murmurent pour jouer son rôle dans l'adaptation ciné), ou encore des objets voyageurs que l'on peut véritablement loguer sur le site officiel. Difficile de faire mieux niveau références, compliqué de tisser plus de liens entre fiction et réalité, mais pas mission impossible. Michel Aguilar a encore une dernière carte cachée dans sa manche.



L'INTERACTIVITE


Avant de dévoiler l'ultime atout de ce roman, il serait déjà judicieux de revenir sur le terme "interactivité" ..... puisque ce n'est pas du tout celui qui correspond. Mais que voulez-vous, mon vocabulaire étant aussi restreint qu'un logbook dans une nano, je n'ai pas réussi à trouver LE mot qui qualifierait ce qui, à la fois, nous immerge plus profondément dans l'histoire, nous communique des informations autrement que par le livre, et relie l'intrigue à notre monde réel. Merci aux linguistes (là non plus ce n'est pas le terme adéquat) de se manifester pour palier à mon manque de culture, parce que ce mystérieux mot est à mes yeux parmi ceux qui caractérisent le mieux le style de Michel Aguilar. Cette pseudo "interactivité" (faudra vous contenter de ça pour l'instant), je l'ai déjà mentionnée ci-dessus avec le géocaching hors du livre, mais ce qui constitue l'essence du style Michel Aguilar dans ce domaine, c'est bien la présence d'étranges mosaïques monochromes réparties dans l'ensemble des pages :


Vue pixellisée sur une baie d'Alaska



Ouais, OK, j'avoue qu'en 2022, les QR codes n'ont plus grand chose de mystérieux... Et pourtant la plus-value qu'ils apportent au sein des récits d'aventure de Michel Aguilar est aussi originale que plaisante. Le livre dans une main, le smartphone dans l'autre, ces QR codes vont nous permettre de plonger plus loin dans l'immersion, d'en apprendre davantage et même de nous catapulter directement à la place des personnages. La plupart de ces QR codes s'appuient sur Google Maps, soit pour nous afficher une vue satellite, toujours utile à un géocacheur en repérage autour du PZ d'une cache, soit pour nous propulser directement dans le décor de l'action via Street View. L'écrivain a beau faire preuve de beaucoup de talent dans ses descriptions de lieux, précises, détaillées et documentées, une vue à 360° dans un paysage existant ne peut que renforcer l'immersion et aider les moins imaginatifs d'entre nous à voyager. Prochaine étape : pour un roman acheté, un casque de réalité virtuelle offert.


L'Alaska, premier décor planté par Michel Aguilar. Bah c'est pas dégueulasse !



D'autres de ces QR codes renvoient vers des pages Internet, principalement sur le site de l'auteur, et je trouve qu'il aurait été intéressant de proposer le même système pour les caches référencées sur geocaching.com. Toujours est-il que, en comparaison des 38 exemplaires relevés dans le premier ouvrage, Michel Aguilar a poussé plus loin son astucieux concept dans "Caches mortelles" avec 61 QR codes pour quasiment le même nombre de pages. Citius, altius, fortius !


Retour enfin sur "l'interactivité" (toujours pas mieux, désolé...) liée au géocaching lui-même, avec un coup de maître en guise de bouquet final. Comme à mon habitude sur ce blog, je me refuse de spoiler, en l'occurrence ici la réponse à une importante question de l'intrigue, d'une part pour ne pas vous gâcher le suspense si caractéristique d'un thriller, et d'autre part ..... parce que je ne connais pas cette réponse ! En effet, malgré la lecture enthousiaste des 469 pages du roman, j'ignore encore la conclusion d'un pan essentiel de l'histoire. Cette réponse existe pourtant bel et bien, pas à travers le récit, mais au-delà. Avec beaucoup de finesse et d'intelligence (qui a dit de sournoiserie ?), l'auteur n'a pas souhaité livrer une certaine vérité à travers son personnage principal, mais il offre néanmoins la liberté au lecteur de savoir. Pour cela, rien de tel qu'une bonne séance de géocaching, dans un premier temps en parvenant à résoudre une énigme (de difficulté 5) découpée en 13 étapes, puis en allant sur place, aux coordonnées finales de la mystery, en quête de la réponse à la question que Bastien et nous nous posons depuis deux romans déjà. Michel Aguilar : fripon ou génie ?

Conclusions

Alors finalement, où en est cette suite par rapport au livre n°1 ? L'auteur a-t-il confirmé, déçu, fait mieux ? C'est encore une fois un avis subjectif que je vous livre, avec son lot de naïveté, de bienveillance, un indéniable manque d'expertise dans le domaine, et il est bien entendu ouvert à la discussion. Comme toute publication estampillée "J'ai testé pour vous (et un peu pour moi...)", c'est aussi un avis saupoudré de petits points positifs verts et garni de légers points négatifs orange :

+ un récit haletant, avec ses intrigues parallèles

+ le style Michel Aguilar (différents modes de lecture, QR codes)

+ encore plus de travail et d'originalité dans l'écriture (anadiplose) !

+ encore plus de géocaching !

+ encore plus d'immersion et d'interactivité !

+ l'ultime réponse à aller chercher soi-même (positif selon moi)

- l'ultime réponse à aller chercher soi-même (négatif pour d'autres ?)

- un référencement des véritables géocaches qui manque de clarté

- encore pas mal de fautes et de coquilles (désolé Michel)

Son premier ouvrage ne manquait déjà pas de qualités, mais Michel Aguilar est parvenu à reprendre chacun des points forts pour les pousser plus loin et les sublimer, tout en gommant les légères imperfections constatées, rendant cette suite encore meilleure. Ne se contentant pas de faire aussi bien, l'écrivain fait mieux et réussit à affiner son style d'écriture, rendant l'histoire plus crédible et plus immersive. Le géocaching qui m'a amené à découvrir cet auteur est désormais véritablement présent, aussi bien dans le livre avec des références pleinement assumées, qu'en dehors avec des interconnexions qui prolongent l'expérience. J'ose espérer que le talent de Michel Aguilar n'a pas encore atteint son summum, car un troisième ouvrage "La dernière cache" vient clore les aventures de Bastien et Léna. La suite de la suite dépassera-t-elle ENCORE ses prédécesseurs ?



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